L’Atelier Razkas : de Bruxelles à Marrakech

L’Atelier Razkas : de Bruxelles à Marrakech

Lino volant, sigle de Razkas Fondé en 1986 par Jean-Claude Salemi et Anne-Catherine Van Santen, l’atelier Razkas est un collectif d’artistes belges, dessinateurs, graveurs et lithographes.

Cet atelier, à géométrie variable, est avant tout un lieu de travail partagé, mais aussi de matériel nécessaire aux techniques d’impressions.Il a vu le jour grâce à une histoire d’amitiés et de sensibilités artistiques communes. Depuis quinze ans, c’est au 46 rue de la Ruche à Schaerbeek (Bruxelles) que fonctionnent les presses de l’atelier. C’est également depuis ce moment que Razkas propose un parrainage de 12 gravures par an, ce qui permet au collectif de demeurer autonome.

Razkas rassemble douze personnes qui pratiquent la gravure sous toutes ses formes : l’eau-forte, l’aquatinte, la pointe sèche, le bois gravé, la linogravure et la lithographie, toutes ces techniques montrant la diversité des approches.

Si le nom de ce collectif fait davantage penser au poisson que l’on prépare en bouillabaisse, il fut pourtant inspiré par un étrange personnage qui vécut il y a cent ans : Roméo-Antonin Zacharias, mieux connu à une époque sous le nom de Raz et occasionnellement Saint Raz. Graveur, peintre, photographe, musicien et aventurier idéaliste, sa vie tumultueuse a pu être retracée partiellement grâce à des archives conservées par sa sœur.

 

Ce mois de février 2018, dans le cadre d’une amitié belgo-marocaine, Razkas expose simultanément des réalisations de quelques-uns de ses membres autour d’un Dialogue gravé à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles) et de ses 12 artistes au complet à Marrakech.

Nous avons visité l’exposition de Marrakech, au cœur de la médina… Dans le cadre extraordinaire et reposant du Café littéraire Dar Cherifa, les gravures sont fixées à même les murs, éreintés par le temps.

Jean-Claude Salemi a suivi une formation en architecture à Saint-Luc à Bruxelles. Illustrateur pour la presse belge, il réalise des affiches et des illustrations pour Marabout, Vie ouvrière, Van In etc. Salemi est aussi musicien.  Ainsi les linogravures exposées à Dar Cherifa nous plonge dans des ambiances musicales diverses : accordéonistes, chanteuse de jazz, danseuse maghrébine, petit ensemble arabo-andalou… Des noir et blanc que la technique de la linogravure simplifie à l’essentiel.

Illustratrice pour divers journaux et magazines où l’image liée à l’actualité doit être instantanée, Anne-Catherine Van Santen explore différentes techniques de gravure permettant d’autres images, où le rapport avec le temps est appréhendé différemment. C’est l’univers familier de l’enfance, tantôt troublant, parfois violent et intime, que décrit Anne-Catherine Van Santen dans cette série de lithographies.

Les héliogravures de Luc D’haegeleer, photographe depuis plus de trente, constituent des documents au service de la mémoire. Ses paysages sont faits d’espaces à l’abandon, de friches, de zones périurbaines, qui témoignent de la trace que laisse l’humain sur son environnement.

Diplômée de l’Atelier Gravure, Graphisme et Images de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Kikie Crèvecoeur enseigne depuis 1988 la gravure et la lithographie à l’Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort. Kikie Crèvecoeur choisit la technique de la gomme pour créer des moucharabiehs aux motifs végétaux, sortes d’entrelacs de feuilles et de tiges, en parfait accord avec le lieu marrakchi.

Illustratrice de livres pour enfants, Corinne Dubus est diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles en 2001. Tout comme Marylin Coppée et Eliane Fourré, elle a également fréquenté l’Atelier de gravure de l’Académie de Dessin de Watermael-Boitsfort. Sa série de six tulipes, gravées sur bois, décline des couleurs vives et des tons chauds extravagants.

Cofondatrice de l’ancien atelier de gravure Kasba, Marilyn Coppée choisit la linogravure pour réaliser des images noir et blanc très contrastées. Ses formes semblent découpées à la lame de cutter et ses aplats noirs striés de griffes blanches.

Si les couleurs pastel des linogravures de Gaby Gailly s’harmonisent aux tons de la ville ocre, les toits pentus, les murs pignons et la cheminée appartiennent bien au vocabulaire architectural occidental.

Licenciée en sciences économiques, Claire Hilgers suit une formation en peinture et gravure à l’Ecole 75 à Bruxelles. Elle apprend les techniques de la lithographie à l’Istituto Statale di Urbino et de la sérigraphie à La Cambre. La contemplation d’éléments de la nature dans ses détails infimes fait partie du champ d’inspiration de Claire Hilgers. Présentées comme une planche contact de photographe, les 9 gravures ressemblent à une radiographie d’éléments végétaux. Dans une alcôve du petit salon, cet ensemble ressort d’un mur dont les taches confèrent à l’esthétique générale.

Myriam De Spiegelaere nous présente une série de 30 lithographies. Il s’agit de portraits d’inconnus croisés au cours de ses voyages, 30 regards intérieurs volés dans l’instant.

Les 12 linogravures de Stéphanie De Loeul sont autant de variantes sur une même main : impressions en négatif sur fond de différentes couleurs, tantôt à peine visibles, tantôt bien contrastées.

 Véronique Goossens a réalisé à la pointe sèche le portrait de 8 enfants, oscillant entre force et fragilité, entre gravité et légèreté.

L’exposition à Dar Cherifa offre l’occasion de découvrir les multiples possibilités que permet la gravure selon le support (bois, linoleum, plaque de cuivre,…), la technique de taille et d’impression employés.

Texte et photos I. Six

Informations pratiques:

Exposition Atelier Razkas

  • Dar Cherifa, 8 derb Chorfa Lakbir, (quartier Mouassine) Marrakech médina
  • de 10.00 à 23.00 (entrée gratuite)
  • du 7 au 28 février 2018

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