Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas

Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas

Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas

En me documentant sur l’histoire de Marrakech, je suis tombée plusieurs fois sur ce mot étrange, Aghmat. Une des portes est de Marrakech porte d’ailleurs ce nom. On le prononce « Armat », avec un « r » bien rugueux, bien râpeux. Il s’agit du nom d’une cité qui aurait servi de base aux Idrissides (9ème siècle). Elle aurait ensuite été la capitale des Almoravides (11ème siècle) qui ne l’ont quittée qu’après avoir édifié la ville de Marrakech en 1062. Il semble donc que la ville d’Aghmat ait joué un rôle important dans l’histoire de l’occident islamique, avant qu’elle ne connaisse une régression irréversible pour finalement tomber définitivement dans l’oubli. Mais un tel rayonnement culturel et une telle prospérité devaient forcément avoir laissé des traces matérielles. Et effectivement, des traces, il y en a eu…

Dans le cadre d’une convention entre l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine et l’Université Vanderbilt à Nashville (Tennessee), des fouilles sur le site d’Aghmat ont débuté en 2005. Un hammam, composé de trois salles couvertes, représente le seul vestige encore debout de cette agglomération. Son niveau de construction originel remonte au 10ème siècle et son abandon date de la fin du 14ème siècle. Du côté sud du hammam, une salle de repos à ciel ouvert, agrémentée en son centre d’une vasque octogonale, permettait d’accueillir les clients. Non loin du hammam, un édifice rectangulaire organisé autour de bassins s’étend sur plus de 250 m². Il s’agit des vestiges d’un palais datant du 14ème siècle, avec salle d’apparat, deux galeries formées par une enfilade de piliers et une grande cour.

Un beau projet a été initié mais laissé en suspens depuis quelques années. Mes fouilles – toute proportion gardée – sur internet, m’ont conduite à un site consacré au… site archéologique d’Aghmat et à son développement. Vaste projet si il en est puisqu’il ambitionne de valoriser les monuments historiques découverts et de poursuivre les opérations de fouilles et de recherche, d’aménager des espaces verts et des espaces publics, de restaurer le centre de la ville, de construire un nouveau souk, et de faire de la petite commune d’Aghmat un centre d’accueil touristique et culturel. Il serait même question d’y ériger un musée renfermant les richesses issues des fouilles archéologiques.

Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas
Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas
Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas

Mais voilà, le site internet a été mis en ligne en 2010 et semble avoir disparu depuis quelques jours. Ma dernière visite sur le site archéologique remonte à avril 2012 et rien de tout cela n’a été mis en route. Lorsque vous arrivez au village de Jemaa Rhmate, aucune indication ne permet de trouver le champ de fouille. Il faut prendre un chemin de terre sur la gauche un peu après l’emplacement du souk. Là, une simple clôture entoure le terrain et un panneau engage à respecter les lieux. Les bergers outrepassent l’interdit et moutons et chèvres paissent au milieu des ruines.  Un gardien s’y trouve en permanence et vous accueille avec bienveillance. Il ne parle pas français, mais pour peu que vous soyez accompagnés d’un traducteur, il vous fera faire le tour du propriétaire avec toutes les explications nécessaires, plan et relevé des fouilles à l’appui.

La plupart des guides touristiques ne mentionnent Aghmat que dans le chapitre consacré à la vallée de l’Ourika. Mais pas en tant que site archéologique. On y parle du souk hebdomadaire du petit village de Jemaa d’Rhmat et de la présence du mausolée de Mouatamid ibn Abbad (1040-1095). Lettré andalou qui régnait à Séville à la fin du 11ème siècle, ce prince-poète fit appel à l’émir almoravide Youssef Ibn Tachfine (ca.1009-1106) lors de la Reconquête. Mais par un retournement de situation, les émirs andalous durent combattre les Almoravides et ces derniers s’emparèrent de Séville en 1091. Mouatamid fut fait prisonnier et emmené à Aghmat où il mourut quatre ans plus tard. Cette triste histoire vous sera bien mieux racontée par le gardien du mausolée, un homme érudit à l’accent savoureux qui semble avoir connu chacun des personnages.

Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas
Aghmat, un site archéologique niché au pied de l’Atlas

Au km 29, route d’Ourika, un panneau indique la visite du Mausolée de Mouatamid ibn Abbad. Prendre à gauche en venant de Marrakech, puis pendant 3 km jusqu’à Jemaa d’Rhmat. Le mausolée se trouve dans le village, sur une petite place. Pour atteindre le site archéologique, il faut prendre un petit chemin de terre au centre du village sur la gauche. Le gardien du mausolée vous expliquera comment y accéder. Bonne visite.

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