Les parcours de golf à Marrakech : une histoire d’eau

Al Maaden : Un parc de sculptures au pied de l’Atlas

Les parcours de golf à Marrakech : une histoire d’eau

Al Maaden : Un parc de sculptures au pied de l’Atlas

Le 28 septembre 2013, la Fondation Alliances inaugurait sur le site grandiose du golf Al Maaden à Marrakech un parc de sculptures monumentales. Première initiative du genre en Afrique, cet ensemble trouve sa place au sein d’un complexe immobilier de luxe et s’impose comme étant le moyen de donner une visibilité à l’ambition culturelle de la Fondation.

Le Groupe Alliances agit sur les projets immobiliers intégrés tel que le logement social et intermédiaire, les résidences Haut Standing et les ressorts golfiques. Curieuse de toutes activités culturelles à Marrakech et passionnée d’art, je ne pouvais ignorer ce nouveau site exceptionnel. Une occasion aussi de mettre les pieds sur un terrain de golf, moi qui n’avais jamais fréquenté que le minigolf 18 trous du Parc Josaphat de mon enfance.

Al Maaden : Un parc de sculptures au pied de l’Atlas
Green, bassins et studios en construction – photo I. Six

Le 28 septembre 2013, la Fondation Alliances inaugurait sur le site grandiose du golf Al Maaden à Marrakech un parc de sculptures monumentales. Première initiative du genre en Afrique, cet ensemble trouve sa place au sein d’un complexe immobilier de luxe et s’impose comme étant le moyen de donner une visibilité à l’ambition culturelle de la Fondation.

Le Groupe Alliances agit sur les projets immobiliers intégrés tel que le logement social et intermédiaire, les résidences Haut Standing et les ressorts golfiques. Curieuse de toutes activités culturelles à Marrakech et passionnée d’art, je ne pouvais ignorer ce nouveau site exceptionnel. Une occasion aussi de mettre les pieds sur un terrain de golf, moi qui n’avais jamais fréquenté que le minigolf 18 trous du Parc Josaphat de mon enfance.

Douze œuvres ont été retenues pour leur résonnance avec le site, leur faisabilité, leur capacité à être réalisées dans un matériau durable adapté au climat marrakchi.

Green à Al Maaden – photo I. Six
Green à Al Maaden – photo I. Six
Yazid OULAB, « Montagne urbaine », acier corten – photo I. Six
Yazid OULAB, « Montagne urbaine », acier corten – photo I. Six

Leur qualité esthétique et la force de leur message correspondaient aux attentes du comité de sélection.

La visite du parc de sculptures est en accès libre. Il n’est pas réservé aux clients du golf ou aux résidents du complexe Al Maaden. Sa promotion est cependant confidentielle et il m’a fallu être perspicace pour trouver les informations pratiques : un article dans la revue d’art Diptyk, et dans La Tribune de Marrakech mentionne simplement le nom du Club House Al Maaden.

Daniel HOURDE, « Moonlight reflexion », inox, bronze à patine verte -photo I. Six
Daniel HOURDE, « Moonlight reflexion », inox, bronze à patine verte -photo I. Six
Hassan DARSI, « Jetée en or », métal galvanisé recouvert de peinture époxy – photo I. Six
Hassan DARSI, « Jetée en or », métal galvanisé recouvert de peinture époxy – photo I. Six
Claude GILLI, « Forêt d’arbres », acier brut oxydé – photo I. Six | Claude GILLI, Ombre de « Forêt d’arbres » – photo I. Six
Claude GILLI, « Forêt d’arbres », acier brut oxydé – photo I. Six | Claude GILLI, Ombre de « Forêt d’arbres » – photo I. Six

Tout le succès de ce projet réside dans l’adéquation entre les œuvres et la topographie du site. Chaque sculpture a été conçue en fonction du lieu et de la place qu’elle devait occuper. Retenons parmi ceux-ci : la « Montagne urbaine » de l’algérien Yazid Oulab (1958) qui confronte les toits des maisons aux sommets de l’Atlas. Les cubes dorés d’Hassan Darsi (1961) répondent aux volumes architecturaux des appartements bunkers.

Le rêveur lunaire de Daniel Hourdé émerge de la végétation. L’acier brut qu’a utilisé Claude Gilli pour sa Forêt d’arbres trouve une adéquation parfaite avec la terre sablonneuse qui l’entoure.  Les douze sculptures sont décrites dans le dossier de presse ci-joint http://www.sylviabeder.com/actualit%C3%A9s/al-maaden/

L‘eau et le green

Il m’avait fallu ce prétexte artistique pour entrer dans un endroit que certains considèrent comme représentatif de Marrakech. Certes, la ville a deux visages, comme beaucoup de grandes métropoles. Mais le fossé entre les deux mondes est d’autant plus profond qu’il s’agit d’une ville essentiellement basée sur le tourisme. Et la pertinence de construire des golfs aux gazons bien verts dans des pays où les précipitations annuelles n’excèdent pas les 300 mm (quand on sait qu’en Belgique, elles sont de 800 mm) m’a souvent interpellée.

Marrakech est cernée de somptueux golfs, connus par les amateurs de tous niveaux : Palmeraie Golf, Royal Golf Club, Al-Maaden, Amelkis Golf Club, Atlas Golf, Assoufid Golf Club, Samanah Golf Club, … Treize terrains sont programmés dans les années à venir, alors que sept sont déjà existants. Tous sont conçus par de grands architectes spécialistes dans le domaine et ont les montagnes de l’Atlas pour toile de fond ou la palmeraie comme écrin. De quoi fournir de belles photos pour la promotion du tourisme au Maroc. Et quand les investisseurs immobiliers se mêlent aux projets, les réalisations n’ont plus de limites : club house, appartements, hôtels avec piscine et spa, terrains couverts d’oliviers, de palmiers, d’arbres fruitiers…

Antonio SEGUI, « Golfista », acier découpé, peinture époxy
Antonio SEGUI, « Golfista », acier découpé, peinture époxy
Adiba MKINSI, « Elan », acier corten – photo I. Six
Adiba MKINSI, « Elan », acier corten – photo I. Six
Philippe HIQUILY, « Girouettes », acier découpé, soudé, galvanisé, peint époxy – photo I. Six
Philippe HIQUILY, « Girouettes », acier découpé, soudé, galvanisé, peint époxy – photo I. Six

Les derniers projets se la jouent écolo, toutes proportions gardées. Pour limiter leur consommation d’eau, ils n’ont engazonné que la moitié de la surface du parcours, laissant des zones désertiques à côté de leurs fairways verdoyants. Il faut dire que la région voit sa nappe phréatique baisser chaque année d’un mètre. L’agriculture en forte extension dans la plaine du Haouz est le secteur le plus gourmand. Mais dans un pays qui manque d’eau, les priorités d’usage en eau potable posent problème. Et lorsqu’il s’agit de choisir entre l’irrigation pour l’agriculture de la population locale ou l’arrosage des golfs pour un tourisme de luxe, cette dernière application semble anormale et superflue. L’été à Marrakech, il fait plus de 40°, bien trop chaud pour jouer au golf. L’activité ne tourne donc que la moitié de l’année. Le reste du temps, on ne peut rien faire, mais il faut pourtant arroser les terrains. En moyenne, au Maroc, un golf de 18 trous d’environ 50 hectares consomme 3500 à 4000 m³ d’eau par jour. L’eau nécessaire à l’entretien des golfs n’est plus disponible pour d’autres usages. Un touriste au Maroc utilise environ, piscine et terrains de golf compris, 500 litres d’eau par jour, alors qu’un Marocain ordinaire dispose, lui, de 40 litres par jour… On l’aura compris, le déséquilibre entre des consommateurs privilégiés et le consommateur moyen marocain est insupportable socialement.

 

Bassin près du Club House Al Maaden – photo I. Six
Bassin près du Club House Al Maaden – photo I. Six

Face à cette frénésie immobilière, il fallait trouver des solutions pour préserver la nappe phréatique. Depuis 2013, six greens de Marrakech sont désormais arrosés par une station de traitement des eaux usées. Si la régie locale de distribution d’eau a pris en charge une partie de l’investissement, les promoteurs ont été invités à mettre la main au portefeuille pour sa construction. Selon la superficie de leurs entreprises et leurs besoins en eau, ils devaient contribuer à concurrence de quelque 30 millions de DH par projet.

Les premiers golfs ont été connectés à la conduite et irriguent leurs greens et fairways avec les eaux usées. La nappe phréatique aura-t-elle un répit ? Pas vraiment. Les projets ne cessent de se développer et aux golfs s’ajoutent des projets hôteliers démesurés, dans une palmeraie en bien mauvais état. D’autres problèmes à résoudre. Mais au moins les consciences se réveillent…

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